La crise est derrière nous : qui a dit ça ?
Le CAC 40,
comme l’ensemble des places boursières (puisque de toute façon toutes les
places dépendent de Wall Street), remonte progressivement et approche nettement
les 4 000 points qu’il avait perdu il y a quasi jour pour jour 2 mois.
C’est en
analysant ce type d’évolution que l’on se rend compte à quel point la finance
de marchés est decorrélée de l’économie réelle.
La crise
financière est-elle passée ?
Sur la forme
oui, en réalité, je ne pense pas. De nombreux observateurs, qu’ils soient
avertis ou pas, clament que le pire est derrière nous. Que le mal a été réparé,
épuré. Qu’une reprise économique saine s’amorce, et que le gouffre auquel le
système financier a été confronté est loin, déjà très loin.
J’aimerais qu’ils m’expliquent moi, sur quelles
analyses de fonds ils se basent.
La reprise
des exportations, des demandes intérieures, de la consommation, du crédit (bien
qu’encore faible), mais encore des marchés actions est une évidence, oui.
Je pense
juste que le mal n’a pas été pris là où il devait être pris. Que la racine est
restée empoisonnée. Que cette crise était l’occasion de refonder un système
transparent, utile à l’économie, créateurs de richesses réelles. Or, beaucoup
de faits montrent clairement que trop peu de choses ont évolués.
Régler
l’endettement par l’endettement : l’infernal engrenage.
Le malaise de cette crise est d’avoir voulu créer
initialement une croissance par la dette, uniquement par la dette. La crise des
subprimes est la conséquence de millions de ménages américains qu’on à « forcé
» à s’endetter, pour doper la croissance. Outre cet aspect, ces ménages en
question étaient peu solvable mais en plus ne maitrisaient en rien ce qu’ils
faisaient.
La gestion de la crise a été de s’endetter pour régler
l’endettement de ménages, entreprises, banques, voire pays. Et c’est ça le gros
problème : régler l’endettement par l’endettement. Les pays, pour la
plupart déjà déficitaires, n’ont pas hésité à emprunter pour sauver leurs
industries et leurs banques.
Comment retrouver une prospérité économique avec des
tels niveaux d’endettement (surtout celui de la première puissance économique). Bien entendu, la décision des gouvernements et banques
centrales d’injecter des milliards de dollars dans les circuits économiques a
été légitime. Cela a même permit d’éviter le pire, le début d’une dépression.
Mais
maintenant se pose inévitablement la question de la résorption de ces dettes
faramineuses.
Je ne suis
pas une anti-dette convaincue, loin de là. Mais c’est un lisant le livre de
Jacques Attali (« La crise, est après ? », que je conseille vivement par
ailleurs) que je me suis rendu compte, au vue des discours de plusieurs grands
économistes, que le pire n’était certainement pas derrière nous.
Aujourd’hui, sur le court/moyen terme, je ne vois pas
quelle technologie, quelle industrie pourrait créer de la richesse, de la
croissance, de l’emploi et donc de dégager des revenus susceptibles de réduire
les dettes. Les USA ont un endettement global de 54 000 milliards de dollars.
En un mot : vertigineux. Tout laisse donc à penser que sur le fonds, rien à été
réellement fait pour pouvoir éviter à nouveau une catastrophe qui, si elle
apparaissait dans les années à venir, ferait très nettement bien plus de
victimes.
L’avenir
nous dira si les chinois continueront à prêter aux USA et si ce pays, qui reste
malgré tout la puissance mondiale, trouvera des moteurs de croissance sains
pour rééquilibrer sa situation financière défaillante.